À CasaNoé depuis 3 ans, les chantiers, on commence à connaître : chantiers démolition divers et variés, chantiers piquetage ; puis est venu le temps des chantiers sarking (isolation par les toits).
Mais en avril dernier, pendant 4 semaines, avec le chantier paille-terre, nous sommes passés à une autre étape : un chantier encadré par un professionnel et ouvert à des bénévoles désireux de se former à ces matériaux naturels. À ce stade où les artisans s’activent sur le placo, l’électricité, la menuiserie…
Dans un logement, il s’agissait de réaliser des murs isolants en bottes de paille avec enduit terre-paille à l’intérieur. Pour encadrer, Mickaël Verger de l’association Botmobil, rompu à animer ces chantiers. Il nous fallait donc 10 personnes sur le chantier par semaine, et organiser la logistique autour ; nos commissions se sont mises en action !
Les participant·es, des personnes aux parcours très variés : charpentier ou menuisier prenant 1 semaine de congé pour approfondir leurs connaissances de mise en œuvre, stagiaires en reconversion dans une formation d’Ouvrier Professionnel en Eco-Construction de 9 mois opérant un stage de 3 semaines à la Noé, futurs habitantes d’un habitat participatif proche venues donner un coup de main, étudiant·es en architecture prenant une année sabbatique et voulant élargir leurs connaissances avec des expériences nouvelles, copains-copines qui viennent et reviennent dès qu’on leur demande, voisin qui avait un peu de temps et qui voulait découvrir, architectes diplômées se posant des questions après quelques années de pratique et voulant intégrer ces nouveaux matériaux y compris en mettant les mains dedans, personnes intéressées pour simplement découvrir le chantier et l’habitat participatif, ou un voisin ayant déjà construit sa maison en paille-terre apportant son savoir-faire et content de remettre les mains dans la terre (du coup, il reste pour lever la charpente d’un autre logement). Et puis et puis toutes celles et ceux qui sont venues un ou deux jours ou plus pour cuisiner et permettre que tout ce petit monde puisse se restaurer.
Certain·es ont planté la tente ou garé le camion, en restant 1 semaine ou plus, ce qui a permis de belles rencontres et d’étoffer nos réseaux car beaucoup sont du département et ont des projets plein la tête dans l’habitat bio-sourcé
et/ou participatif.
Les travaux ont consisté à préparer les bottes de paille afin qu’elles se logent en force entre les poteaux de bois, avec nombreuses découpes, car cet ancien garage à vélo aux formes impossible nous a permis d’aborder toutes les difficultés possibles. Les outils, en bois et fabriqués par Mickaël portent des noms évocateurs : le persuadeur, le facilitateur puis le diplomate, en fonction de la taille et de la force qu’il faut utiliser pour arriver à ses fins… Après 2 semaines de « paille » , nous sommes passés à la confection d’une barbotine étalée à la main sur la paille (enduit léger <1 cm d’épaisseur), sorte de couche d’impression liquide permettant d’apposer à la suite le corps d’enduit (5 cm). Celui-ci se compose de terre argileuse, de sable, d’eau, de paille hachée, d’un peu de copeau de Douglas et de quelques pincées de tonte d’herbe : une vraie recette de boue de chef ! Cet enduit se met à la main en insistant pour le faire coller à la paille. Une des difficultés consistant à réaliser des murs d’aplomb car les bottes de paille ne le sont pas. Les bords arrondis autour des fenêtres donnent également beaucoup de charme (et de travail) à l’intérieur.
Mikaël était là pour organiser des équipes de deux ou trois, expliquer les objectifs et les contraintes, montrer les gestes techniques, reprendre et toujours encourager. Son intervention complexe a été déterminante pour la bonne réalisation du chantier dans les délais impartis, le tout dans une ambiance détendue et rigolarde.
Merci à lui et à tous les participant·es, merci à l’équipe restauration.
Et que vive la terre-paille !